Jadis, le Rwanda avait ouvertement soutenu la rébellion du Rassemblement des congolais pour la démocratie (RCD) ainsi que les aventures des ex-chefs militaires Jules Mutebusi et Laurent Kundabatware. A ce jour, ce pays fait la même chose avec Bosco Tangada et sa rébellion du M23, selon un rapport confidentiel interne de la Monusco, évoqué par la BBC. Une preuve de plus que le Rwanda voisin n’a jamais cessé de se moquer du gouvernement congolais. Et pourtant, par sa bonne foi, ce dernier tient à la stabilité des rapports avec ses voisins dans la région des Grands Lacs. Même si ceux-ci ne sont que de façades. Alors que les intérêts de l’autre se trouvent ailleurs, la Rdc qui se laisse ainsi berné par Kigali, semble avoir oublié l’un des principes majeurs qui président au destiné des Relations internationales, à savoir : « Etats n’ont pas des amis, ils n’ont que des intérêts ».

Les travaux de la Vème commission paritaire entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda venaient d’avoir lieux à Kigali. La paix, la sécurité et le développement de ces deux pays étaient au centre des échanges. Les deux délégations composées des ministres ayant, en leurs charges, des portefeuilles les plus stratégiques de deux gouvernements ont mis à profit cette rencontre pour discuter également d’autres questions sensibles. C’est notamment, celle relative à la situation insurrectionnelles qui sévit dans l’Est de la Rdc depuis le moi d’avril dernier. A l’issus des travaux, la dissension du Général Bosco Tanganda et la formation d’une nouvelle rébellion dénommé M23 (Mouvement du 23 mars) ont été fermement condamnées par les deux délégations.

Mariage des dupes A y regarder de loin, le gouvernement de Kigali serait inquiet de l’insécurité qui sévit dans la région congolaise du Kivu. Comme pour chercher à montrer sa volonté d’entretenir des très bonnes relations avec son plus grand voisin. Peut-être que Kinshasa aussi y croit. Et pourtant, comme cela a toujours était décrié par des observateurs de tous bords, « Quoi qu’il arrive, entre la Rdc et le Rwanda ce n’est qu’un mariage des dupes ». Et, dans la construction des histoires politiques de ces deux pays, les événements qui se sont succédé ne permettent aucun doute à cette affirmation. Pour preuve, au cours des deux dernières décennies, des choix tactiques opérés par le Rwanda auraient été dictés par un impératif stratégiquement intéressé. Lequel impératif consistait à créer l’insécurité et déstabiliser l’Est de la Rdc, distraire l’opinion, exploiter les ressources naturelles et assoir l’impérium de Kigali dans la région des Grands Lacs. Le génocide rwandais, la guerre de libération de la Rdc, tout comme différentes rébellions qui s’en sont suivies ne sont pas étrangère à l’accomplissement de ce rêve.

Jadis, le Rwanda avait ouvertement soutenu la rébellion du Rassemblement des congolais pour la démocratie (RCD) ainsi que les aventures des ex-chefs militaires Jules Mutebusi et Laurent Kundabatware. A ce jour, ce pays fait la même chose avec Bosco Tangada et sa rébellion du M23. Un rapport confidentiel interne de la Mission onusienne au Congo (Monusco) indique ouvertement que la République rwandaise apporte un soutien matériel, humain et tactique à ce mouvement que Kinshasa qualifie de terroriste. Selon la BBC, qui affirme être entré en possession d’une copie dudit rapport, des insurgés déserteurs dont certains sont des mineurs se seraient rendu à la Monusco ; abandonnant ainsi armes munitions et uniformes de guerre. Ils auraient affirmé avoir été recrutés, entrainés et armés aux Rwanda, avant d’être envoyé sur le champ de bataille dans l’Est de la Rdc. Là ils auraient rejoindre les troupes rebelles, dirigées par des proches du général dissident Bosco Tanganda, aux cotés de qui ils se auraient combattu avant de s’enfuir.

Bons rapports de façades Une preuve de plus que le Rwanda voisin n’a jamais cessé de se moquer du gouvernement congolais. Et pourtant, par sa bonne foi, ce dernier tient à la stabilité des rapports avec ses voisins dans la région des Grands Lacs. Même si ceux-ci ne sont que de façades. Alors que les intérêts de l’autre se trouvent ailleurs, la Rdc qui se laisse ainsi berné par Kigali, semble avoir oublié l’un des principes majeurs qui président au destiné des Relations internationales, à savoir : « Etats n’ont pas des amis, ils n’ont que des intérêts ». En constituant, on dirait aveuglement, des commissions paritaires, des délégations ministérielles et autres cadres de concertation avec le Rwanda, le pays de Joseph Kabila serait entrain de se comporter comme si les rapports avec ses voisins n’étaient régis par des principes moraux.

Toutes les études établissent que la confiance, l’amour, l’affection, la charité et autres ne peuvent être exprimés que du fond du cœur. Mais la seule chose qu’il conviendrait de retenir, dans ce cas, serait que tous ces sentiments vertueux n’ont jamais eu leur place dans les rapports entre Etats parce que ceux-ci n’ont pas des cœurs. Les internationalistes en conviennent : « Les acteurs des Relations internationales n’ont pas de cœur, s’ils peuvent faire semblant d’avoir un à la place, il est fait de pierre ». Et dans cette sphère, il n’y a que la Rdc qui semble se comporter comme si tout était bon autour d’elle. Elle fait, sans cesse, confiances à ses partenaires en admettant ce qui, sous aucun prétexte, ne pouvait l’être. Le Congo continue à traiter avec les rwandais sur des questions de paix, de sécurité, de développement, alors que ceux-ci se trouvent à la base de l’insécurité sur son territoire.

Passer à la vitesse supérieure Il est temps que les choses soient tirées au clair et que des décisions risquées soient prises. Le gouvernement congolais devait prendre ses responsabilité vis-à-vis de tous ceux qui sont impliqués dans la déstabilisation de la partie Est de son territoire. C’est le cas de la République du Rwanda et de la Mosusco, pour ne parler que de ces deux. La première qui est au courant de tous les velléités négatives qui sévissent sur le sol congolais et reste insensible aux souffrances des populations. Le Rwanda, par contre, serait désigné comme le véritable commanditaire des différentes rébellions qui se sont soulevés dans l’Est de la Rdc. Les uns et les autres devront arriver à s’amender et à penser aux mécanismes pour arrêter la machine.

Pour faire en sorte que la paix et la sécurité soient intégralement rétablies dans sa parties Est, le gouvernement de la Rdc doit passer à l’offensive diplomatique. Exiger des explications de la part de la Monisco et, comme le souhaite la majorité de ses citoyens, un calendrier détaillé de retrait de ses soldats du territoire congolais seront des preuves de responsabilité. Face au Rwanda, des moyens coercitifs devront être mis en œuvre pour enlever tout prétexte à ce pays de continuer à intervenir au Congo et persuader son gouvernement à ne plus se lancer dans une telle aventure. Ce n’est qu’à ces seules conditions que les rapports entre Kinshasa et ces deux partenaires reposeront sur des bases positives.

Jean-Luc MUSHI-MPAKU