La Belgique appelle le Rwanda à être «une partie de la solution» pour régler le problème de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) conduite depuis avril 2012 par le général renégat Bosco Ntaganda. Celui-ci est soutenu par des mutins qui ont déserté des unités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) basées au Nord-Kivu.

«Si le Rwanda dit ne pas être une partie du problème, il lui appartient maintenant d'être une partie de la solution, de faire en sorte que l'on mette fin sur le terrain à la rébellion et puis travailler à l'avenir», a déclaré le vice-Premier ministre belge en charge des Affaires étrangères, Didier Reynders, lundi 2 juillet à Bujumbura, au sortir d'un entretien avec le président congolais Joseph Kabila Kabange, en marge de la célébration de l'indépendance du Burundi.

«Ce que je demande aux autorités rwandaises, c'est de soutenir une solution pour mettre fin à la mutinerie immédiate, pour permettre d'arrêter des criminels de guerre comme Bosco Ntaganda mais aussi participer à une meilleure gestion de la frontière» commune entre les deux pays avec l'aide de la force de maintien de la paix de l'ONU en RDC (Monusco), a-t-il expliqué.

Aux dénégations de Kigali à son «soutien à la mutinerie» du M23, malgré les «preuves accablantes» réunies par des experts onusiens, l'homme d'Etat belge a confirmé l'existence de «soutiens extérieurs» aux mutins. «Il y a là des soutiens extérieurs qui doivent s'arrêter. Et s'ils ne sont pas rwandais, je m'en réjouis, il faut faire la démarche inverse: aider à trouver la solution», a-t-il déclaré.

Selon la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, le rapport des experts onusiens serait un «document préliminaire partial fondé sur des conclusions partielles (qui) doit encore être vérifié».

Il a aussi exhorté les chefs d'Etat de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda à «se parler plus» sur cette question. «Il faut vraiment que l'on arrive à ce type de dialogue. Je souhaite que les deux présidents se parlent encore plus à l'avenir», a-t-il souhaité.

Les généraux Kabarebe et Nziza impliqués

Le rapport des experts de l'ONU sur la violation de l'embargo sur les armes dans l'Est de la RDC renseigne que des officiers supérieurs et généraux de l'armée rwandaise ont apporté, «dans l'exercice de leurs fonctions officielles, une aide directe à la création du M23», en fournissant aux mutins «des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues».

Parmi les noms qu'ils ont cités, figurent ceux du ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe, du chef d'état-major des armées, le général Charles Kayonga, et du général Jack Nziza, secrétaire permanent du ministre de la Défense et ancien patron du DMI (Department of Military Intelligence), les services de renseignements militaires, rappelle Belga.

A ce propos, le gouverneur Marcellin Cishambo du Sud-Kivu, également présent Aux festivités de Bujumbura, a soutenu que «tout le monde a des éléments de preuves de l'implication de pays voisins dans ce qui nous arrive. Ils doivent savoir ce qui se passe».

Espérant que cette crise va «bientôt se terminer», il s'est étonné cependant de l'«attitude» affichée par les autorités rwandaises. «Nous ne comprenons pas cette attitude», a-t-il indiqué.