Que retenir de Villepinte ? Une mise en scène gigantesque pour frapper les esprits. Des drapeaux, des militants par milliers, des éclairages dignes des très grands concerts, des people dont on se demande ce qu’ils apportent ou enlèvent au candidat. À ce titre permettons nous de rappeler à quel point nous préférons Depardieu dans ses films que dans ses interventions politiques “cet homme dont on dit du mal” nous assène Depardieu sur son nouvel ami. Assurément Sarkozy s’en serait bien passé.

Une formidable mise en scène mais à part ça, un ratage total.

Car l’enjeu de Sarkozy était triple :

Relancer cette campagne qui ne décolle pas, élargir son cercle, sa base électorale et montrer une modernité et éventuellement quelques lignes politiques novatrices pouvant faire enfin tourner le débat autour de ses idées.

Triple ratage.

Comment envisager de séduire au delà de son camp quand on fait siffler les syndicats, les corps intermédiaires, les étrangers qui viennent profiter de nos cotisations sociales ( sic ) par des militants galvanisés.

Comment être crédible quand on affirme dans la même phrase qu’on est le président qui se bat contre le communautarisme et qu’on envoie quelques minutes plus tard des œillades à toutes les communautés : juifs, musulmans, arméniens, et autres cibles électorales comme les outremers et les harkis .

Ratage également sur la vision, Guaino n’est plus Guaino et on ne nous refera pas le coup du “j’ai changé”, converti ici en “j’ai appris” et “j’ai compris“. Longue, si longue litanie sur la responsabilité d’un président, la lourdeur de la charge et la vision tragique de l’histoire.

Je, je et moi je…rien de neuf sous le soleil sarkozyste. La formule plut terriblement en 2007. Elle ne passionne plus le chaland en 2012 car le principe de réalité s’est imposé. La réalité d’un Président qui a renié à peu près toutes ses promesses et échoue à peu près sur tout. Rarement un discours aura été aussi poussif, revenant en arrière, reprenant les mêmes formules, partant en zig zag pour revenir sur ses pas. Un labyrinthe de la pensée qui nous laisse un peu pantois. Où Sarkozy voulait-il en venir ? Quel est son projet ? Quel est son horizon ?

Il suffisait de regarder d’ailleurs le premier rang pour voir à quel point on s’ennuyait ferme.

La star à incontestablement vieilli. Le feu sacré s’est éteint et à Villepinte, il ne restait que la coquille. Le bel emballage qui a certainement coûté une fortune et on ne fera pas de mauvais procès au candidat pour cela.

En revanche, il jouait un quitte ou double et hormis la ferveur bien naturelle de ses militants, on ne voit pas ce qui pourrait renverser la table et la tendance.

Certainement pas sa vision de l’Europe, dans cet ozone, il n’a fait qu’enfoncer les portes ouvertes.

Ni sa vision du monde tant tout cela paraissait artificiel, uniquement destiné à rehausser le candidat.

On ne pourra pas non plus vibrer à son couplet sur la justice et les méchants parachutes dorés, tant toute sa politique n’a tendu que vers une seule chose: protéger les plus hauts revenus.

Il ne suffit donc pas de répéter des dizaines de fois “peuple de France” pour toucher le cœur de ce peuple. Il ne suffit pas de répéter “j’ai appris“, “j’ai compris” pour avoir appris et compris. Il ne suffit pas de répéter avec force qu’il reste 2 mois pour l’emporter, pour au final gagner.

Alors oui Villepinte était un bel écrin, un très beau podium pour une très belle tournée d’adieux.